Au cinéma (à la télé) ce soir mardi 19 octobre 2010: C'est dur pour tout le monde!

Quel titre très à propos en ce moment! En ces temps où il est aussi difficile de trouver de l'essence que de pouvoir prétendre à une retraite bien méritée, le maître mot est: protestation! Et ce n'est pas un soixante-huitard comme moi (entendez par là: originaire du département 68, le Haut-Rhin) qui vous dira le contraire! Quelle aubaine donc, pour vous présenter deux films, l'un traitant de ces temps "durs pour tout le monde" (et comme dirait De Niro dans Brazil "We're all in it together" que nous pourrions traduire par "Nous y sommes tous dedans"), et l'autre d'une histoire en plein mai 68. Quelle aubaine!

Au choix ce soir, voici donc sur Comédie! à 20h40 "C'est dur pour tout le monde" de Christian Gion sorti en 1975 avec Bernard Blier, Francis Perrin, Claude Piéplu, Robert Castel, un jeune Bernard Le Coq, Hubert Deschamps, Nicole Rouge et la bien regrettée Caroline Cartier. On pourrait penser que cette phrase "C'est dur pour tout le monde" est lancée à la ville et au monde par un ouvrier contestataire au bout du rouleau, mais résigné malgré tout de son sort. Et pourtant non, c'est bel et bien une réplique sortie de la bouche d'un PDG d'agence publicitaire. Personnage puissant et quelque peu cynique, ses combines pour gagner "encore plus et toujours plus" sont rodées et à toute épreuve. Tandis que pendant ce temps, un jeune chômeur, pourtant plein d'imagination, galère et tente de trouver par tous les moyens le job qui lui permettra de payer son loyer. Ces deux hommes très différents vont se rencontrer dans un restaurant, et l'audace du jeune homme va marquer l'homme d'affaires. Ce jeune chômeur trouvera finalement une place dans cette agence publicitaire, et va tenter de décrasser la bonne vieille "réclame" d'antan, ce qui ne sera pas au goût de son patron qui le licenciera bien vite... Qu'à cela ne tienne, de collaborateur il passe à licencié puis de licencié à... concurrent! Le voilà en piste pour fonder sa propre agence publicitaire avec des méthodes nouvelles, très déconcertantes pour le milieu. Christian Gion a toujours été le véritable mal aimé du cinéma français. De belles comédies tendres à mi-chemin entre Pascal Thomas, Michel Lang et Jacques Besnard, il a plutôt été classé dans les "nanars" tout proches de Max Pécas et consorts. Et bien que j'apprécie également les nanars, l'erreur de classement est flagrante. Ce film assez peu diffusé à la télévision est une petite merveille de comédie, et le casting est impressionnant pour un soi-disant nanar: Blier et Perrin qui, loin d'être déçus par cette réunion, se retrouveront dix ans plus tard dans "Ça n'arrive qu'à moi". Cinq ans après "Le Distrait" et bien avant "99 francs" ce film est une satire du monde publicitaire, où clients et créatifs aiment à jouer à "je t'aime, moi non-plus" entre connivence et entubages réciproques. Un monde d'argent, un monde carnassier où la sincérité et l'honnêteté ne sont même pas recommandées. Et au final un film drôle, dont le nom de l'agence publicitaire "Publistella" sera reprise en clin d'oeil dans un autre film de Christian Gion: Le Provincial, autre film où le monde de la pub sera mis à mal. Puisque... il ne faut pas prendre les gens pour des c...! (mais il ne faut pas oublier qu'ils le sont, dixit le sketch des "Publicitaires" par les Inconnus).

Autre idée, autre choix, sur Paris Première à 20h35 "La Carapate" de Gérard Oury sorti en 1978 avec Pierre Richard, Victor Lanoux, Raymond Bussières, Jean-Pierre Darras, Yvonne Gaudeau, Jacques Frantz et Katia Tchenko. Nous sommes en pleine tourmente de mai 68. Un condamné à mort attend en prison son jeune avocat pas très expérimenté, qui va lui indiquer que tous les recours, sauf celui de la grâce présidentielle, sont épuisés. Ayant alors peu de confiance en la justice de son pays, le condamné va profiter d'une mutinerie pour se faire la belle. Puis profiter du désordre dans le pays pour faciliter sa cavale, accompagné par son avocat qui, tel un boulet, ne le lâchera pas. Un voyage dans la France de mai 68 totalement paralysée par les grèves (tiens ça ne vous rappelle rien?), où les trains s'arrêtaient au hasard d'une gare en pleine ligne pour débrailler, où les barricades étaient installées dans Paris et où les riches croyaient à la Révolution et avaient la forte envie de se réfugier en Suisse... Tout ça évidemment sur le ton de l'humour, les retrouvailles de Pierre Richard et Victor Lanoux qui avaient fait ensemble leurs débuts en cabaret, et une rencontre atypique entre l'humour de Gérard Oury et celui de Pierre Richard, plus habitué à côtoyer Yves Robert, mais qui récidivera avec Oury deux ans plus tard avec le fameux "Coup du Parapluie". Et des souvenirs de Pierre Richard qu'il mettra en scène dans son one man show "Détournement de mémoires", où il racontera que le décor des barricades en feu fut confondu avec un décor voisin qui lui prit feu accidentellement, et que les infirmiers et pompiers se mélangèrent avec les figurants costumés en infirmiers et pompiers, les uns curieux d'aller voir l'incendie, les autres confondant l'incendie factice avec l'incendie accidentel, dans une pagaille qui aurait pu être digne d'un film de Pierre Richard si ça n'avait pas été, pour une fois, la réalité.

Oui il y a d'autres trucs sinon ce soir, à savoir sur W9 le cultissime "La Cité de la Peur" le film des Nuls (chroniqué sur FB entre janvier et avril 2010), sur Gulli "Maintenant on l'appelle Plata" (chroniqué sur FB le 17 août 2009) le Bud Spencer/Terence Hill de l'ère contemporaine après les westerns Trinita, sur CinéCinéma Club "La Haine" de Kassovitz, sur CinéCinéma Premier "Le mystère de la chambre jaune" (chroniqué sur FB le 10 septembre 2009) suivi du "Pacte des loups" sur la légende de la bête du Gévaudan, sur CinéCinéma Frisson "The Big Lebowski" des frères Cohen, et en seconde partie de soirée sur Disney Cinemagic "La ferme se rebelle". Pour les noctambules France 2 nous prépare une petite perle avec "L.627" (voir ma chronique du 17 mai dernier sur le blog), film sur une brigade anti drogue de Paris dans un ton très réaliste, sur CinéCinéma Star une autre perle "Clara et les chics types" film cher à mon coeur, sur Direct8 "Le rôle de sa vie" et la rencontre entre une star de cinéma un peu hautaine et sa plus grande fan entièrement dévouée, et sur CinéCinéma Premier "La boite noire" un thriller mémorable de Richard Berry avec José Garcia découvrant les mystères de son inconscient, après un coma consécutif à un accident de voiture.

Un petit mot pour souhaiter avec un peu de retard l'anniversaire de la doyenne des acteurs et actrices français: en effet le 8 octobre dernier Paulette Dubost a fêté ses 100 ans! Magnifique longévité pour cette comédienne dont la carrière débuta en 1926 en tant que figurante chez Jean Renoir, et qui ne s'arrêta que 81 ans plus tard en 2007. Elle aura croisé Gabin en Maigret, Girardot en tendre poulet ou en mère de famille débordée, Serrault en frères jumeaux, Depardieu et Deneuve dans un dernier métro de la guerre, et même les Charlots dans Charlots Connection! Longue vie encore à cette grande dame du cinéma français.

Et une pensée à celle pour qui je dédie cet article, un petit ange qui s'en est allé bien trop vite, à l'âge de 23 ans, une Jedi qui adorait entre autres Star Wars et les chevaux, et que je ne suis pas prêt d'oublier...

The Show Must Go On, Bonne soirée et Bons Films.

Comments

[Pine'up]

Comme d'habitude, exhaustif et parfait