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Au cinéma (à la télé) ce soir par Jérôme Iby
24 novembre 2013

Au cinéma (à la télé) ce dimanche 24 novembre 2013 : Hommage à Georges Lautner

Il faut bien évidemment, au vu des circonstances, que je sorte un peu de ma vacance (qui, je vous le promets, n'est que provisoire). Zappant sur les chaînes d'information au milieu d'une nuit, j'apprenais la disparition d'un réalisateur culte du cinéma français. Et même, du cinéma tout court. Georges Lautner s'en est allé ce 22 novembre 2013, alors que ce mercredi nous allions fêter les 50 ans de son film culte, les Tontons Flingueurs. Ce dimanche est l'occasion pour les chaînes de télévision de rendre hommage à un monument, alors c'en est l'occasion pour moi aussi.

Georges_Lautner_Cannes_2010

Georges Lautner aux rencontres cinématographiques du festival de Cannes en 2010. Photo Wikipédia d'Olivier Strecker sous licence Creative Commons CC-BY-SA.

Georges Lautner avait 87 ans, un bel âge, et plus de 60 ans de carrière. Bien évidemment, en 60 ans, on a de quoi faire tourner les plus grands, quand on est soi-même un grand réalisateur. Il suffit de citer non-exhaustivement la pléiade d'acteurs qui ont tourné dans ses films: Paul Meurisse, Bernard Blier, Lino Ventura, Francis Blanche, Robert Dalban, Jean Lefebvre, Claude Rich, Louis De Funès, Michel Serrault, Maurice Biraud, Michel Constantin, Jean Gabin, Louis Seigner, Jean Yanne, Jean-Pierre Marielle, Michel Galabru, Henri Guybet, André Pousse, Paul Préboist, Alain Delon, Claude Brasseur, Bernard Menez, Pierre Richard, Jean-Paul Belmondo, Gérard Lanvin, Robert Hossein, Eddy Mitchell, Roger Hanin, Aldo Maccione, Roland Giraud ou encore Patrick Bruel. J'en oublie certainement, mille excuses à ceux qui liraient cet article et ne se verraient pas cités! Dans son cinéma il y eut peut-être un peu moins de femmes, mais malgré tout, quelles femmes! Dans les bandes Audiardesques de copains, certaines arrivèrent à tirer leur épingle du jeu, et Georges Lautner prit toujours soin de ses actrices: Mireille Darc et Miou-Miou bien-sûr, mais aussi Dany Carrel, Anny Duperey, Maria Pacôme, Marie Laforêt, Sophie Marceau, Corinne Touzet, Cristiana Réali et bien-entendu Renée Saint-Cyr sa maman, qui presque centenaire aurait pu nous faire espérer quelques belles années de plus, par hérédité, à ce grand réalisateur qui avait arrêté sa carrière en 1992 après "L'inconnu dans la Maison" avec Jean-Paul Belmondo, et ceci en raison de la bien trop maigre affluence dans les salles.

Ce soir France 2 bouscule ses programmes pour proposer le must de la carrière de Lautner: "Les Tontons Flingueurs", sorti donc le 27 novembre 1963, avec Lino Ventura, Bernard Blier, Francis Blanche, Robert Dalban, Jean Lefebvre, Claude Rich, Venantino Venantini et Sabine Sinjen. Fernand Naudin, ancien truand "tombé dans l'honnête", reconverti dans les engins de chantier et de motoculture, s'en va retourner voir son ami de toujours, parrain du grand banditisme parisien, ce dernier de retour au pays très malade, à deux doigts de passer l'arme à gauche. Sur son lit de mort ce bon vieux Fernand lui promet de s'occuper de ses affaires florissantes dans tous les domaines, contrebande d'alcool, jeux, prostituées... Et de veiller sur sa fille, une petite délurée qui n'a pas sa langue dans sa poche, et qui a changé déjà plusieurs fois de lycée. Le brave "tonton" va alors devoir se réacclimater à la vie du milieu, tout en devant supporter la jeune femme, lui qui n'a jamais eu d'enfants. Et de se prémunir d'une éventuelle guerre de succession qui fait rage auprès de ceux qui auraient aimé hériter du titre de parrain, et surtout de l'argent qui va avec! Placé dans un contexte de film noir, l'humour semble avoir trouvé son élément, à contre-courant de cet environnement truffé de malfrats et de gens peu recommandables... C'est avec le talent de dialoguiste de Michel Audiard, compagnon de route de Lautner, que les personnages se montreront hauts en couleur: aussi bien les truands que les honnêtes gens qui s'y mêlent "accidentellement". C'est évidemment la célèbre scène de la cuisine qui restera la plus culte de toutes: les tontons en train de s'essayer à un drôle d'alcool qui "a déjà rendu des clients aveugles", du "brutal", une "boisson d'homme"... Très possible que je connaisse les dialogues de la scène par coeur! Et pourtant, cette scène n'était pas prévue dans le scénario original. Michel Audiard la rajouta, sans improvisation, il cisela les dialogues en l'espace d'une nuit, le génie aura eu le temps de passer par là. Et pour ceux qui se posent la question, les verres étaient simplement remplis d'eau... sauf pour Jean Lefebvre qui eut droit à une farce de ses camarades, qui avaient mis un mélange d'alcool fort et de poivre dans son verre, ce qui explique pourquoi le breuvage lui fera couler des larmes dans la scène. Un film de légende qui a eu droit dans les années 90 à la colorisation, mais qui est revenu au noir et blanc pour sa sortie DVD il y a dix ans. Et ce soir en HD, je serais bien curieux de voir les audiences, toujours hautes pour un si vieux film, mais en particulier la tranche des 15-30 ans pour voir si la relève est assurée! En tout cas, si vous voulez ce soir "entendre chanter les anges", c'est sur la 2 qu'il faudra se rendre!

D'autres chaînes n'ont pas manqué de rendre hommage au réalisateur: pour ceux qui disposent de la jeune chaîne TNT HD1, vous aurez droit à "Ne nous fâchons pas" sorti en 1966, troisième et dernier film du trio Lautner-Audiard-Ventura après les Tontons et "Les Barbouzes". La suite d'un délire de truands, proche des Tontons mais en couleur, là encore il s'agit d'un ancien gangster reconverti qui va devoir prendre sous son aile un petit escroc ringard et très boulet, afin de se rembourser d'une somme d'argent. Mais ce dernier est déjà menacé de mort par un groupe d'anglais, car il a été témoin de la préparation d'un très gros braquage à l'aéroport. Aidé d'un troisième larron, ils vont se réfugier chez l'épouse du petit escroc, une blonde à fort caractère, ce qui n'hésitera pas à provoquer des étincelles, dans plusieurs sens du terme! Avec Lino Ventura, Michel Constantin, Jean Lefebvre et Mirelle Darc, le film est haut en couleur, et la musique pop nous rappelle que nous étions en plein dans l'ère Beatles.

Puis HD1 ne s'arrête pas là, car suivra "Le Guignolo" sorti en 1980, toujours Lautner-Audiard mais cette fois avec Jean-Paul Belmondo en tête d'affiche. Décidément les truands avaient la cote chez Lautner, ici c'est un cambrioleur tout juste sorti de prison qui reprend immédiatement du service dans le style "escroquerie au Vaudeville". Il va pour cela se rendre à Venise pour essayer de subtiliser quelques diamants, mais durant son voyage il va être pris dans un engrenage plus sérieux encore: il se retrouve malgré lui avec les plans d'une invention miraculeuse qui permettrait de se passer de pétrole pour assurer nos besoins en énergie. Entre les différents services secrets et les puissances pétrolières du Golfe, il va falloir se frayer un chemin, très agréablement jonché de femmes, telles des pétales de roses. Belmondo est au mieux de sa forme, c'est dans ce film qu'on le verra accroché à une échelle d'hélicoptère en caleçon au-dessus de Venise! Belmondo tournera nombre d'autres films avec Lautner: Flic ou Voyou, le Professionnel, Joyeuses Pâques et l'Inconnu dans la Maison.

Enfin Paris Première diffusera, mais à 23 heures, "Laisse aller c'est une Valse" sorti en 1971. Toujours avec Mireille Darc, toujours avec Michel Constantin et Bernard Blier, sans Michel Audiard, mais avec Jean Yanne qui fera une petite incursion dans le monde de Lautner, ce dernier regrettera de nombreuses années plus tard ne pas avoir pu tourner d'autres films avec lui, mais avec une explication simple: Jean Yanne faisait lui-même ses propres films. Ce film se trouve dans la droite lignée des trois films avec Lino Ventura, et ce dernier aurait peut-être pu jouer dans celui-ci, s'il ne s'était pas un peu fâché de la tournure trop "délirante" que prenaient ces films. Car en effet, on monte d'un cran dans le délire. L'histoire est toujours dans le cadre policiers-gangsters, mais certaines scènes très "non-sense" viennent agrémenter le tout, parfois nous faisant penser à une version française des Monty Pithon. Une "Road Movie" d'anciens taulards voulant retrouver leur butin de bijoux volés, tandis que l'un d'eux a une forte envie de se venger de sa femme qu'il pense l'avoir dénoncé à la police. Le scénario est signé Bertrand Blier, ce qui nous en dit beaucoup sur le style même du film, parfois proche en ambiance de Buffet Froid.

Au paradis, tout en haut, il existe certainement un petit nuage, différent des autres. En y entrant, on y découvre une table et quelques tonneaux de bons vins, à l'image du "Bistro préféré" chanté par Renaud, ou encore d'un tableau me semble-t-il aujourd'hui disparu du musée Grévin dépeignant une cave, avec quelques "tronches amies". Cette bande d'acteurs s'est sûrement donnée rendez-vous là-bas, et Georges Lautner a dû être très bien accueilli par sa bande de copains. Vous n'entendez pas quelques bruits de verre? Écoutez, ils sont en ce moment-même en train de trinquer ensemble...

Bonne soirée et Bons Films ;-)

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